Krump

Un krumpeur de Grrilla Step, un crew australien

Le Krump est une danse née dans les années 2000 au cœur des quartiers pauvres de Los Angeles[1]. Cette danse, non violente malgré son apparence agressive à cause des mouvements exécutés très rapidement, de la rage ou la colère qui peut se lire parfois sur les visages des danseurs de Krump que l'on appelle les « Krumpers », se veut être une danse représentant la « vie » . En effet, il n'y a aucun conflit physique entre les danseurs.

Le krump a été étudié en 2014-2019 par l'anthropologue belge, Jonathan Collin, qui y a consacré un chapitre dans sa thèse de doctorat, soutenue publiquement à l'Université de Liège en mai 2019. Il en a actuellement tiré deux articles, parus dans les revues L'Observatoire et Pensée plurielle, et un chapitre dans un ouvrage collectif.

Étymologie et définitions

Le mot Krump est l'acronyme de Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise (kingdom = royaume ; radically = radicalement ; uplifted = levé, élevé, soulevé ; mighty = puissant ; praise = éloge)[1].

Si on veut le traduire en français, cela signifie « élévation du royaume par le puissant éloge »[1],[2],[3].

Le Krump étant une culture à part entière, il y a bon nombre de termes et de mots qui sont propres à cette culture.

https://www.testyourkrump.com/krumptionary

Origine

Cette danse est née dans le ghetto de Los Angeles au début des années 2000[2]. Marqué par les guerres de gangs, le trafic de drogue, les interpellations musclées de la police et les émeutes raciales de 1992, Thomas Johnson (1969-) décide dans un premier temps de créer le personnage de Tommy the Clown pour animer des goûters d'anniversaires dans les ghettos[1],[2]. Il invente à cette occasion une nouvelle danse rapidement imitée par les enfants des quartiers : le clown dancing. En grandissant, certains d'entre eux développent cette nouvelle forme d'expression en créant le K.R.U.M.P. : Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise, la forme évoluée du clown dancing.

Le Krump tout comme le clowning permettait aux jeunes de canaliser leur colère, leur agressivité, leur haine, leur rage, leurs revendications et de les ressortir sous une forme plus positive (même si elle paraît agressive)[2]. Pour les deux créateurs de cette danse, Tight Eyez et Big Mijo, cette danse est un don de Dieu et sa pratique est synonyme de louange. La pratique du Krump est de plus en plus courante, popularisée récemment en partie grâce aux « battles ». Chaque danseur évolue en fonction d'un personnage qu’il choisit d'incarner. L’inspiration manga, animalière, sonore, alimente la construction de ces personnages[2].

Cinématographie

Après être apparu dans les clips de Christina Aguilera, Prodigy ou encore The Chemical Brothers, le Krump accède à la notoriété en 2005, grâce au documentaire Rize du photographe David LaChapelle[3], qui présente son film à Deauville avec un grand succès.

Le krump apparaît aussi dans le film « steppin » en 2007 dont la participation de Chris Brown qui lui aussi en pratique.

Il apparait également à la fin du troisième épisode de la première saison de la série Community, diffusé en 2009.

On peut voir aussi Tight Eyez et Jigsaw JR dans le clip de la chanson Papaoutai de Stromae en 2013[3].

En 2018, le Krump exprime sa puissance dans le court-métrage (5 min 46 s), Les Indes Galantes, tourné par Clément Cogitore[4], chorégraphié par Clément Cogitore et Bintou Dembélé, à l'Opéra de Paris[2].

Enfin, le krump apparaît dans le film sorti en 2018 Les Chatouilles, d'Andréa Bescond et Éric Métayer et reprenant des éléments présentés sur les planches de différents théâtres[5].

Le krump est également représenté dans la chorégraphie d'ouverture du film Climax de Gaspar Noé en 2018.

Notes et références

  1. a b c et d Marie-Christine Vernay, « Krump, guerre des chorés », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a b c d e et f Rosita Boisseau, « Le Krump, danse urbaine superbement énervée », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  3. a b et c Rossana Di Vincenzo, « Le retour en force du krump, la danse “mal-aimée” du hip-hop », Télérama,‎ (lire en ligne)
  4. Clémence Ducasse, « Le krump, des ghettos de Los Angeles à l’Opéra de Paris », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Emmanuelle Bouchez, « “Les Chatouilles” : entre hip-hop et krump, Andréa Bescond affûte sa “danse de la colère” », Télérama,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Jonathan Collin, 2023, « Etude d'un groupe de krumpers : rites d'interaction et gestion du stigmate », In Pascal Lardellier (dir.), Actualité d’Erving Goffman, Acte 2. Relations, identités, communautés, L’Harmattan, collection « Des Hauts & Débats », Paris, pp.117-132 (https://www.editions-harmattan.fr/livre-actualite_d_erving_goffman_acte_2_relations_identites_communautes_pascal_lardellier-9782140483127-77071.html)
  • Jonathan Collin, 2022, « Le krump dans l'espace public : stigmate racial et transaction sociale », Pensée plurielle, n°55, pp.83-92 (lire en ligne)
  • Jonathan Collin, 2020, « Le krump : danse urbaine et outil socio-éducatif potentiel », L'Observatoire, n°103, pp.86-90 (acheter en ligne)
  • Stéphane Partel, « Le krumping : entre danse de rue ritualisé et culture hip-hop » (pp. 409-437) dans Musiques noires : l'histoire d'une résistance sonore, ouvrage collectif sur les musiques noires dirigé par Jérémie K. Dagnini, Camion Blanc, 2016, 518 p.
  • Amenzou Rashead (2019). Zoom, L'Univers de la danse Hip Hop (ISBN 9782957010400)

Article connexe

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